dimanche 11 décembre 2016

Poésie Contemporaine, Thème: Le voyage - Séance animée par Lise-Noëlle


De Catherine :

 

1/ Consigne

Prenant inspiration sur le poème de James SACRE, composez quelques vers mettant en relation un paysage avec un visage. Vous pouvez vous contentez d'une partie du visage ou étendre la comparaison à toute la personne.

 

Dans le bleu silencieux du monde

Tu étends tes grands bras

Autour des arbres qui renaissent

 

Le souffle de ta lèvre à leur sève collé

Lente respiration des branches (hortensias et lilas)

Le temps d'un été sourire de paille

 

Dans le jardin laissé à l'abandon

Tes pas donnent des ailes aux nuages

Qui apparaissent, disparaissent

 

Dans le ciel soudain vide, tes larmes bleues

Caressent la nacre ancienne (velours et porcelaine)

 

Un banc figé sur le temps qui passe

Les nuages en fuite les sables renversés

 

Et le coeur des tiges tresse

Des rubans et des mots

Qui s'épellent  dans le vent

 

L'herbe nue demeure au fond du ravin

Une aube se lève dans ta bouche

 

 

2/ Consigne

Poème-conte : Un paysage : les rives du Rhin, un homme : un batelier qui redit un conte.

Imaginez semblable situation et laissez-vous emporter par les fées!

 

Mon filet est lourd d'une vase sombre

Ecoutez le vent qui entre dans la voile

S'engouffre et me ferme les yeux

 

J'ai rêvé d'un assaut de belles endormies

Sur des eaux déchaînées

Prisonnier de leur chant lyrique

Dans la pâleur des rouleaux

Je titubais si fort parmi les rafales incessantes

Qu'il fallut me mettre des liens de lierres et de pierre

 

Une joie guerrière semait ses lumières

L'écume noire au visage, je tremblais

D'une fièvre de nuit épuisant l'infini

Quand soudain, tous les vents apaisés

Je vis au fond du filet une écorce de ciel

Qui semblait attendre un souffle de moi

 

La source première de l'aurore

 

3/ Consigne

 

Un élément naturel : pluie, vent, orage, soleil, brume, à votre guise.

Quelques effets de cet élément naturel sur votre maison, votre cabane…Jouez de vos souvenirs.

Il n'est pas interdit d'être joyeux

 

Dans les draps blancs froissés

Chaque jour j'invente une cabane

 

      Aube blanche

      Nappe de brume

      Sable clair

 

Sur la route des confins

Le corps de neige

 

      Poudre les chemins noirs

      Gerce les creux du sillon

      Pénètre la boue du ravin

      Se couvre de glaise

 

Eclaire le visage

Visage s'enracine

 

      Fouillis de plis palpite

      Dominante en son heure

      Une anse de couleurs

 






 De Colette:

1- en s'inspirant du poème de James SACRE 'Ecrire pour t'aimer', lier Paysage-Visage

                                Voyage


                 dans l'eau de tes yeux,


                               un paysage de midi près d'un  ruisseau,


                               il coule sur des galets magnifiés par la lumière.


                dans le pli de ton oreille,


                               le timbre d'une musique qui claironne, éclabousse


                               s'atténue, s'éloignant ou peut-être s'essoufflant.


                dans l'ombre de ta lèvre,


                               des mots retenus par le fil d'un sourire


                               explosent en rires de bonheur et contagieux fou-rire.

                dans le pli de ton cou,

                               le battement de la vie accéléré par l'émotion

                               et la chaleur dans cet espace partagé.

                dans le flot de tes cheveux,

                               l'odeur de tous les jardins, de tant de lieux parcourus,

                               promesses d'autres sur le fil d'une nouvelle vie

                comme si on ne la savait pas fragile et incertaine

                ou parce qu'on la sait fragile et incertaine

 
 
                               Dans l'instant

                 Un instant plus bref que l'éclair

                une durée de temps imperceptible

                amène le souvenir d'un visage oublié

                écho endormi d'un fou-rire partagé

                dans quel lieu, à quelle date, pourquoi ?

                Etrange ressouvenance...

                Mystère de la durée de l'instant ? de l'éclair ?

                d'une lumière pénétrant la mémoire ?

                qui dira comment ce temps si court

                est un moment de vie intense

                qui ramène tout ce qui est à sa portée

                écouter, voir, sentir, ressentir, retrouver

                une voix, un contact, une senteur, une odeur

                et cristallise cette nacre en perle de souvenir ?

 
                Du neuf à tout instant

                l'usé et l'oublié alliés

                paysages recomposant

                lointain et récent

              Vitrail éblouissant


 2- poème (conte) inspiré du poème d'Apollinaire 'Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme' (Alccols)

                 Au coeur de la nuit
 Entre les quais

                un glissement

                d'eau lourde et noire

une mélopée

                plainte écorchée

                à en râle-mourir

à décrocher

                un rêve sans souvenir

                hurler un cauchemar

l'homme a trop bu

                n'a pas entendu

                le verre qui se brisait

ne sait plus ce qu'il cherche

                en proie au vertige

                la barque le porte

la barque l'emporte

                à risque-naufrage

                jusqu'au bout de sa nuit.

  

                Cristal
 De la note cristalline lancée si haut

les harmoniques ont roulé

explosant le verre dans un éclat de rire

dans l'instant le vin s'est figé

et s'égoutte comme une vie qui s'éteint

 

Chassant d'une main pesante

des ombres qui s'estompent

en vagues lourdes de fatigue

les rêves étoilés de la nuit d'Arles

enroulent l'aigreur du vin et du petit matin.

  

3- en s'inspirant d'un poème de Reverdy 'Il reste toujours quelque chose' (La  Lucarne ovale 1916) 

                Il reste toujours une trace

 Les maisons gardent le souvenir de ceux qui sont passés

                               Tous ont laissé une trace

 

Les maisons observent le silence sur ceux qui sont partis

                               Sans vouloir laisser de trace

 

Les maisons portent les cicatrices de ceux qui les ont blessées

                               Traces souvent illisibles

 

Leurs murs sont à l'écoute, peaux tendues comme cuirs

                               gardant l'écho de vaines disputes

                               des chuchotements de tendresse

Leurs portes s'ouvrent et se ferment laissant passer les orages

                               elles claquent parfois violemment

                               lancées par les colères ou les urgences

 

un éclat de peinture décroché, une fissure s'ouvre

ce qui reste de la dernière rupture est bien peu visible

la maison n'est pas ébranlée, c'est une trace de plus.




De Monika:




1)ALEP



 Depuis longtemps

Les vallées arides

Son regard stoïque

Attend

L’inévitable

 

La poussière enveloppe

Tendrement

La silhouette imposante comme linceul

 
Il est débout à bout
Méconnaissable
Par vos jours meilleurs

L'odeur
De la gueule du loup
Est intenable

Le silence aussi
 
2)  UN DIMANCHE DANS LE 78
Ma tasse est remplie de mare de café et je distingue au fond la route de Bailly.
Ma voiture s'est transformée en citrouille s'avançant majestueusement sur l’asphalte.

 »Punaises, les travaux de l'église de St-Vigor, on en a marre de payer!"Les sept Nains de St- Nom- la- Bretèche déballent leurs outillages sur la route en signe de désaccord.

La fée de la  forêt de Marly continue à défiler sur les champs des navets d’hiver au bord de la départementale en distribuant des financiers « Made in France » de sa corbeille céleste

Pendant que sous un ciel bleu affirmé, je compte les étoiles à main nue que le chat de ma voisine attrape au passage.

 3) DESARROI

Tes yeux détournés
 
Pourtant
Le ciel d’hiver
Donne le meilleur

Les arbres mis
A nu généreusement
 
Ton silence me pèse
 
Soudain
Je traverse le brouillard
Sans gyrophares

De toute façon
Tu ne les regarderas pas

  
4) A LA MONTAGNE

« A  nous les enfants ! » hurlent les éclairs
« Ah non ! « rétorquent les tonnerres
 
Coincé sous cette dispute
Dans ma voiture flamboyante neuve
Elle ne rend qu’un « bip » lamentable
 
La grêle s’abat enfin
J’ai peur de m’y noyer 

 

 


dimanche 20 novembre 2016

Le Pli - Séance animée par Colette








3- Le PLI - ../11/2016 ( Colette) Partout autour de nous (diaporama)
- des gestes, des mots, des expressions,... pour lire l'espace, 'déplier ses impressions'
 
Bête à bon dieu
 
Sur la nervure d'un pli
allait dans l'inconfort
d'un déséquilibre
savamment maîtrisé  
une coccinelle.
 
Jeune et intrépide
agile et prévenue
par la fréquentation
de la bonne accroche  
au creux des crevasses
des plis pyrénéens
et des dérapages
sur parois glissantes  
brillant de l'absence
de toute écorchure,
les ailes entrouvertes
prêtes à la porter
l'emmener sous le vent
vers un autre terrain
encore plus chiffonné
pieu-se-ment che-mi-ne
une bête à bon dieu.

dimanche 23 octobre 2016

Ecriture contemporaine - Des souvenirs d'odeurs, souvenir du cimetière - Séance animée par Aurélie






 Consigne 1)
 Des choses qui vont naître un doux souvenir du passé.




De Colette :




en s'inspirant de ?

Je sortis violemment au crépuscule

d'un de ces soirs sereins que rompt l'arrivée de l'orage

quelques gouttes tombaient lourdes et espacées

 

la terre était devenue silencieuse

les herbes se couchaient et s'écrasaient les unes sur les autres

les oiseaux s'abritaient et se taisaient

 

mes yeux scrutaient l'horizon

d'où montaient des nuées sombres et lourdes

dès lors, je craignais leur écroulement

 

le déferlement de cette rafale d'encre

éveille dans le vivant qui vit en nous

la peur inconnue de la noyade, de l'asphyxie et de l'emmurement.

 

 

Peut-être un lieu ou un souvenir de ?

 

ça n'est pas un nom !! si me tierre

 

Lieu jamais fréquenté. Lieu inatteignable.

Lieu hors du bourg, s'en méfie-t-on ?

Lieu emmuré et grille fermée.

 

Des cloches sonnent un glas de cauchemar

un cortège de femmes toutes de noir voilées

                des pierres, des fleurs de perle, des vases hideux

                tristesse repoussante

                dorures sur des lignes

                signes incompréhensibles

Rassemblement et longs piétinements

                funambules ou fantômes ?

 

Etonnée ou surprise, emmenée ou captive ?

                malaise

d'horribles odeurs à soulever le coeur

les souliers s'enfonçant dans le sol glacé

immobilité et silence, imposés

des sanglots rentrés, de lourds et longs soupirs

des voix monocordes, des mots inaudibles

l'absence des visages dans la buée de souffles retenus

 

la peur pour tous... de qui ? de quoi ?

on parlait d'un au-revoir

est-ce une manière d'être avec les siens ?

qui avouera ?


 
De Lise-Noëlle
 Sa photographie sur le petit meuble où je range ses couverts, sourit
Son regard teinté d’ironie rappelle sa manière tendre.
Esprit aigu, à la parole brève et rare, sa langue était redoutée.
Sensible à la beauté, à l’élégance, elle cultivait le silence, nous laissant ma sœur et moi dans un questionnement inquiet et souvent insatisfait.
Ses mains habiles cousaient, tricotaient, confectionnaient de délicieux plats, des vêtements
Commodes, des vestes chaudes.
Je ne sais désormais où elle est. Aux dernières nouvelles, c’est ce que m’a rapporté sa sœur cadette. Alors depuis quelque temps, je l’interroge…
 
Consigne2 :
Ecrire un texte avec un lieu imposé et des mots obligatoires.
Le lieu: un cimetière.

Les mots : pierre, sol, muraille, souffle, course, s’étonner, silencieux, captif, surpris, astral, funambule, libellule.
Et aussi la phrase: «  Je n’ai jamais avoué que… »
 
De Lise-Noëlle:
C’était le cimetière de la Fouilleuse, entre Suresnes et Rueil-Malmaison. Un grand cimetière, de la banlieue parisienne. Mon premier enterrement.
J’avais 21 ans ce jour-là, au moment où son cercueil descendit dans le trou de terre, j’ai cru
être ensevelie avec elle, dans ce sol froid et sombre.
Le souffle m’a manqué. Me suis-je évanouie où ai-je rêvé, éveillée ?
Captive de ma douleur, pour la surmonter, je me suis imaginée funambule sur une corde tirée à deux mètres de la terre ferme qui rejoignait la muraille de pierre du cimetière et que je parcourais au pas de course.
Surprise de ma vélocité, une fois sur la muraille, je devins libellule aux ailes silencieuses.
Le déclic de la dépose du cercueil au fond du trou me tira de ma rêverie. Etonnée d’être
entourée de ma famille, je compris que je venais d’accomplir le voyage astral que faisait la
belle âme de ma chère Granny.
Mais à aucun de mes parents, je n’ai jamais avoué qu’au lieu de méditer sur la dépouille de
la morte, je l’avais accompagnée dans sa virée spirituelle.