dimanche 23 octobre 2016

Ecriture contemporaine - Des souvenirs d'odeurs, souvenir du cimetière - Séance animée par Aurélie






 Consigne 1)
 Des choses qui vont naître un doux souvenir du passé.




De Colette :




en s'inspirant de ?

Je sortis violemment au crépuscule

d'un de ces soirs sereins que rompt l'arrivée de l'orage

quelques gouttes tombaient lourdes et espacées

 

la terre était devenue silencieuse

les herbes se couchaient et s'écrasaient les unes sur les autres

les oiseaux s'abritaient et se taisaient

 

mes yeux scrutaient l'horizon

d'où montaient des nuées sombres et lourdes

dès lors, je craignais leur écroulement

 

le déferlement de cette rafale d'encre

éveille dans le vivant qui vit en nous

la peur inconnue de la noyade, de l'asphyxie et de l'emmurement.

 

 

Peut-être un lieu ou un souvenir de ?

 

ça n'est pas un nom !! si me tierre

 

Lieu jamais fréquenté. Lieu inatteignable.

Lieu hors du bourg, s'en méfie-t-on ?

Lieu emmuré et grille fermée.

 

Des cloches sonnent un glas de cauchemar

un cortège de femmes toutes de noir voilées

                des pierres, des fleurs de perle, des vases hideux

                tristesse repoussante

                dorures sur des lignes

                signes incompréhensibles

Rassemblement et longs piétinements

                funambules ou fantômes ?

 

Etonnée ou surprise, emmenée ou captive ?

                malaise

d'horribles odeurs à soulever le coeur

les souliers s'enfonçant dans le sol glacé

immobilité et silence, imposés

des sanglots rentrés, de lourds et longs soupirs

des voix monocordes, des mots inaudibles

l'absence des visages dans la buée de souffles retenus

 

la peur pour tous... de qui ? de quoi ?

on parlait d'un au-revoir

est-ce une manière d'être avec les siens ?

qui avouera ?


 
De Lise-Noëlle
 Sa photographie sur le petit meuble où je range ses couverts, sourit
Son regard teinté d’ironie rappelle sa manière tendre.
Esprit aigu, à la parole brève et rare, sa langue était redoutée.
Sensible à la beauté, à l’élégance, elle cultivait le silence, nous laissant ma sœur et moi dans un questionnement inquiet et souvent insatisfait.
Ses mains habiles cousaient, tricotaient, confectionnaient de délicieux plats, des vêtements
Commodes, des vestes chaudes.
Je ne sais désormais où elle est. Aux dernières nouvelles, c’est ce que m’a rapporté sa sœur cadette. Alors depuis quelque temps, je l’interroge…
 
Consigne2 :
Ecrire un texte avec un lieu imposé et des mots obligatoires.
Le lieu: un cimetière.

Les mots : pierre, sol, muraille, souffle, course, s’étonner, silencieux, captif, surpris, astral, funambule, libellule.
Et aussi la phrase: «  Je n’ai jamais avoué que… »
 
De Lise-Noëlle:
C’était le cimetière de la Fouilleuse, entre Suresnes et Rueil-Malmaison. Un grand cimetière, de la banlieue parisienne. Mon premier enterrement.
J’avais 21 ans ce jour-là, au moment où son cercueil descendit dans le trou de terre, j’ai cru
être ensevelie avec elle, dans ce sol froid et sombre.
Le souffle m’a manqué. Me suis-je évanouie où ai-je rêvé, éveillée ?
Captive de ma douleur, pour la surmonter, je me suis imaginée funambule sur une corde tirée à deux mètres de la terre ferme qui rejoignait la muraille de pierre du cimetière et que je parcourais au pas de course.
Surprise de ma vélocité, une fois sur la muraille, je devins libellule aux ailes silencieuses.
Le déclic de la dépose du cercueil au fond du trou me tira de ma rêverie. Etonnée d’être
entourée de ma famille, je compris que je venais d’accomplir le voyage astral que faisait la
belle âme de ma chère Granny.
Mais à aucun de mes parents, je n’ai jamais avoué qu’au lieu de méditer sur la dépouille de
la morte, je l’avais accompagnée dans sa virée spirituelle.