Consigne 1)
Des choses qui vont naître un doux souvenir du passé.
De Colette :
en s'inspirant de ?
Je sortis
violemment au crépuscule
d'un de ces soirs
sereins que rompt l'arrivée de l'orage
quelques gouttes
tombaient lourdes et espacées
la terre était
devenue silencieuse
les herbes se
couchaient et s'écrasaient les unes sur les autres
les oiseaux
s'abritaient et se taisaient
mes yeux
scrutaient l'horizon
d'où montaient
des nuées sombres et lourdes
dès lors, je
craignais leur écroulement
le déferlement de
cette rafale d'encre
éveille dans le
vivant qui vit en nous
la peur inconnue
de la noyade, de l'asphyxie et de l'emmurement.
Peut-être un lieu ou un souvenir de ?
ça n'est pas un
nom !! si me tierre
Lieu jamais
fréquenté. Lieu inatteignable.
Lieu hors du
bourg, s'en méfie-t-on ?
Lieu emmuré et
grille fermée.
Des cloches
sonnent un glas de cauchemar
un cortège de
femmes toutes de noir voilées
des pierres, des fleurs de
perle, des vases hideux
tristesse repoussante
dorures sur des lignes
signes incompréhensibles
Rassemblement et
longs piétinements
funambules ou fantômes ?
Etonnée ou
surprise, emmenée ou captive ?
malaise
d'horribles
odeurs à soulever le coeur
les souliers
s'enfonçant dans le sol glacé
immobilité et
silence, imposés
des sanglots
rentrés, de lourds et longs soupirs
des voix monocordes,
des mots inaudibles
l'absence des
visages dans la buée de souffles retenus
la peur pour
tous... de qui ? de quoi ?
on parlait d'un
au-revoir
est-ce une
manière d'être avec les siens ?
qui avouera ?
De Lise-Noëlle
Sa photographie
sur le petit meuble où je range ses couverts, sourit
Son
regard teinté d’ironie rappelle sa manière tendre.
Esprit
aigu, à la parole brève et rare, sa langue était redoutée.
Sensible
à la beauté, à l’élégance, elle cultivait le silence, nous laissant ma sœur et
moi dans un questionnement
inquiet et souvent insatisfait.
Ses mains
habiles cousaient, tricotaient, confectionnaient de délicieux plats, des
vêtements
Commodes,
des vestes chaudes.
Je ne
sais désormais où elle est. Aux dernières nouvelles, c’est ce que m’a rapporté
sa sœur cadette.
Alors depuis quelque temps, je l’interroge…
Consigne2 :
Ecrire un texte avec un
lieu imposé et des mots obligatoires.
Le lieu: un cimetière.
Les mots : pierre, sol, muraille, souffle,
course, s’étonner, silencieux, captif, surpris, astral, funambule, libellule.
Et aussi la phrase: « Je n’ai jamais avoué
que… »
De Lise-Noëlle:
C’était
le cimetière de la Fouilleuse, entre Suresnes et Rueil-Malmaison. Un grand
cimetière, de la
banlieue parisienne. Mon premier enterrement.
J’avais
21 ans ce jour-là, au moment où son cercueil descendit dans le trou de terre, j’ai
cru
être
ensevelie avec elle, dans ce sol froid et sombre.
Le
souffle m’a manqué. Me suis-je évanouie où ai-je rêvé, éveillée ?
Captive
de ma douleur, pour la surmonter, je me suis imaginée funambule sur une corde
tirée à deux
mètres de la terre ferme qui rejoignait la muraille de pierre du cimetière et
que je parcourais
au pas de course.
Surprise de
ma vélocité, une fois sur la muraille, je devins libellule aux ailes
silencieuses.
Le déclic
de la dépose du cercueil au fond du trou me tira de ma rêverie. Etonnée d’être
entourée de
ma famille, je compris que je venais d’accomplir le voyage astral que faisait
la
belle âme
de ma chère Granny.
Mais à
aucun de mes parents, je n’ai jamais avoué qu’au lieu de méditer sur la
dépouille de
la morte,
je l’avais accompagnée dans sa virée spirituelle.