En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite
alliance
De la grâce et de la
force
De la finesse et de
l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi
non plus.
Le Cageot. Texte de
Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.
A mi-chemin de la cage
au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au
transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une
maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans
effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées
fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux
Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore,
et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans
retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il
convient toutefois de ne s’appesantir longuement.
Le coffret
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue
sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à
double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets
qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de
telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps
et les situations scabreuses de l’histoire qui lui
accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.
Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine
renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs
de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le
coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de
Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet
objet une forte opinion de lui-même.
Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement
plus précieux du contenu. C’est à
s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si
précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si
jalousement gardés ?
De Lise-Noëlle :
Onze fois le bêtosaure
dinaké, essai de définition
1-Lebêtosaure dinaké
est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.
2-Le bêtosaure dinaké
a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké possède une
étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de
ses pattes qui repousse quelques semaines après.
4-Le bêtosaure dinaké
n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.
5-Le bêtosaure dinaké
tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre
pattes.
6- Le bêtosaure dinaké
porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en
astronomie.
7-Le bêtosaure dinaké
s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.
8-Le bêtosaure dinaké
aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé,
l’hiver.
9-Curieusement, le
bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.
10-Le bêtosaure dinaké
a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe.
11-Le bêtosaure dinaké
s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des
tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le
tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.
Décomposition du
chaource. Chaource, tu n’es pas
le seul fromage de Bourgogne.
Inventé en 878
environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré
d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde
à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas
gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.
Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,
Fameux duo valsant à
merveille sur les tangos argentins
A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,
Pour t’éclipser, patte
de velours
Après le casse d’une
joaillerie
Dans la pampa à perte
de vue
Que tu traverses à
vive allure
Laissant l’empreinte
de tes fleurs de chat
Tu portes à présent,
l’ourse sur ton dos
Jusqu’au bout de
l’horizon
Là où le ciel embrasse
la Terre
Et bascule en région
hyperboréale et glacée.
Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure
Son chat à l’œil
perçant
Il grimpe à la cime
des arbres
Escamoter des ruches
la gaufre miellée.
En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite
alliance
De la grâce et de la
force
De la finesse et de
l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi
non plus.
Le Cageot. Texte de
Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.
A mi-chemin de la cage
au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au
transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une
maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans
effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées
fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux
Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore,
et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans
retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il
convient toutefois de ne s’appesantir longuement.
Le coffret
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue
sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à
double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets
qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de
telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps
et les situations scabreuses de l’histoire qui lui
accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.
Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine
renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs
de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le
coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de
Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet
objet une forte opinion de lui-même.
Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement
plus précieux du contenu. C’est à
s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si
précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si
jalousement gardés ?
De Lise-Noëlle :
Onze fois le bêtosaure
dinaké, essai de définition
1-Lebêtosaure dinaké
est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.
2-Le bêtosaure dinaké
a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké possède une
étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de
ses pattes qui repousse quelques semaines après.
4-Le bêtosaure dinaké
n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.
5-Le bêtosaure dinaké
tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre
pattes.
6- Le bêtosaure dinaké
porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en
astronomie.
7-Le bêtosaure dinaké
s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.
8-Le bêtosaure dinaké
aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé,
l’hiver.
9-Curieusement, le
bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.
10-Le bêtosaure dinaké
a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe.
11-Le bêtosaure dinaké
s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des
tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le
tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.
Décomposition du
chaource. Chaource, tu n’es pas
le seul fromage de Bourgogne.
Inventé en 878
environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré
d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde
à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas
gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.
Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,
Fameux duo valsant à
merveille sur les tangos argentins
A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,
Pour t’éclipser, patte
de velours
Après le casse d’une
joaillerie
Dans la pampa à perte
de vue
Que tu traverses à
vive allure
Laissant l’empreinte
de tes fleurs de chat
Tu portes à présent,
l’ourse sur ton dos
Jusqu’au bout de
l’horizon
Là où le ciel embrasse
la Terre
Et bascule en région
hyperboréale et glacée.
Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure
Son chat à l’œil
perçant
Il grimpe à la cime
des arbres
Escamoter des ruches
la gaufre miellée.
En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite
alliance
De la grâce et de la
force
De la finesse et de
l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi
non plus.
Le Cageot. Texte de
Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.
A mi-chemin de la cage
au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au
transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une
maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans
effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées
fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux
Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore,
et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans
retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il
convient toutefois de ne s’appesantir longuement.
De Lise-Noëlle:
Le coffret
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue
sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à
double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets
qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de
telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps
et les situations scabreuses de l’histoire qui lui
accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.
Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine
renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs
de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le
coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de
Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet
objet une forte opinion de lui-même.
Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement
plus précieux du contenu. C’est à
s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si
précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si
jalousement gardés ?