dimanche 18 juin 2017

Le genre: La nouvelle - Séance animée par Monika





Baudelaire, traducteur de Poe, a proposé cette analyse de la nouvelle :« Elle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet. Cette lecture, qui peut être accomplie tout d’une haleine, laisse dans l’esprit un souvenir bien plus puissant qu’une lecture brisée, interrompue souvent par le tracas des affaires et le soin des intérêts mondains. L’unité d’impression, la totalité d’effet est un avantage immense qui peut donner à ce genre de composition une supériorité tout à fait particulière, à ce point qu’une nouvelle trop courte (c’est sans doute un défaut) vaut encore mieux qu’une nouvelle trop longue. L’artiste, s’il est habile, n’accommodera pas ses pensées aux incidents, mais, ayant conçu délibérément, à loisir, un effet à produire, inventera les incidents, combinera les événements les plus propres à amener l’effet voulu. Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer cette impression finale, l’œuvre est manquée dès le début. Dans la composition tout entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité. »


De Colette:


Quand il s'aperçut qu'il avait manqué sa station de destination, il arrivait à la gare suivante.


Sans avoir le temps d'interroger quiconque, il bondit sur le quoi et gagna la surface.


Sans hésiter, il s'engagea sur la large avenue qui s'offrait à lui, où déjà la circulait diminuait.


Contraint de rester sur la contre allée pour lire le nom des rues de cette banlieue inconnue de lui.


Il hâtait le pas, certain qu'il n'aurait pas trop de retard pour ce rendez-vous obtenu difficilement de son avocat en raison de l'heure tardive.


Il avait parfaitement repéré la suite des transversales à enchaîner à partir de la station manquée. Il allait y arriver rapidement, c'était l'affaire d'un quart d'heure.


Il accéléra encore un peu à remarquer le début du crépuscule, se remémorant au rythme de ses pas, les faits déterminants et l'argumentation qu'il fallait développer pour en finir avec cette affaire.


Brusquement, il s'arrêta, pâlit, le souffle court, les yeux exorbités ...


Devant lui, il n'en revenait pas, sans aucune équivoque possible, il venait de reconnaître le clocher proche de sa résidence...

dimanche 21 mai 2017

Entre rêve et réalité / Description d'un personnage rencontré pendant un voyage - Séance animée par Lise-Noëlle


1° Auteure mise en lumière : Monique RIVET et lecture d’un extrait du « Cahier d’Alberto » (Quidam éditeur, Meudon, 2015)

Consigne : Dans cet état particulier, entre rêve et réalité, inventez ou décrivez un souvenir:






D'Emmanuel:




BORD DE POEME II

 

Certaines lumières éteintes

Eclairent :

 
Que voir ?
 
Lieux
Cieux
Plus lumineux

 

S'éclairent
Strates étales

 Recoins et encoignures du passé
 
Espaces mêmes sujets
Des intempéries
 
Zone
Aucune
Lumières
Lumière
Plus allumé
Le pas clair  

Choses éteintes,

 En l'homme
 Subrepticement ouvert

Lumière dépouillée
Et les lumières éteintes



2) Lecture d’un extrait de Carlos CASTANEDA, « L’herbe du diable et la petite fumée, the teachings of Don Juan » (Editions du Soleil noir, 1982)

Consigne : Vous partez en voyage, choisissez une gare, un aéroport, un port, une gare routière. En attendant le signal de votre départ, vous repérez un personnage qui pique votre curiosité et décidez de tenter de l’approcher.

Situez et décrivez votre lieu d’embarquement. Décrivez le personnage qui vous fascine et votre éventuelle mise en scène.


De Monika :

Le paysage

Un vieux banc assemblé de fines et larges lattes se dresse sous un plein soleil. La neige a couvert les alentours d'une couette épaisse d'ouate pailletée.

Sur l'unique arbre de la vaste plaine, la neige a fondu. Son immense silhouette noirâtre mise à  nu. Ses branches arides forment un globe posé sur un large tronc, solidement ancré dans le sol. Elles chuchotent. Le bleu du ciel se confond avec l'eau azurée de la Méditerranée sur fond de sable blanc. Il n'y a pas de bruit venant d'ailleurs, pas de vent, l'air est sec, limpide.

Elle est passée par là. Elle a pris cette photo pour la partager avec d'autres. A-t-elle pris place sur le banc sous l'arbre? A-t-elle prié là-bas? A-t-elle...?

Elle vient de perdre sa mère.

dimanche 23 avril 2017

Poésie contemporaine - Séance animée par Lise-Noëlle


1)Poème de Lucien SUEL, in :Ni bruit, ni fureur, La Table Ronde, 2017

Consigne :1) Vous appuyant  sur une rime de votre invention, utilisant des allitérations (siffle Sisyphe, fou/fol) ou jouant comme ici sur un changement de voyelle (rime/ rame) et des jeux de mots phonétiques, construisez un poème d’une à trois strophes comme vous l’entendez. N’oubliez pas l’aspect sonore de votre texte.

                                                                                   Ou bien

                      2) En réemployant la même rime, composez deux ou trois strophes, guidé(e ) par votre inspiration. Exemples de rimes : roum vroum poum/ la pomme ronde rime/

pim pam poum/ la pompe à la fontaine de Trévise/ mur mou murmure la fable /etc…

 



De Lise-Noëlle:

RAME

rame sésame rime Sisyphe rame ces ifs

aux bords du canal flaques et bassin

émaillés nuages blancs dérivant entre

serpe la serpe taille les branches du

frêne l’autre matin a façonné forgé le

métal dans le temps forge encore dans

le temps les yeux plongent dans l’eau

 

rimes ces âmes rime rame rime eau     

les yeux plongent dans les nuages les

poissons planent au ciel rame Sisyphe

sur le monde rame sésame pour inonder

le monde les ifs dessus les tombes se

penchant se relèvent le Styx grésille

dans le noir au nord d’ici Caron rame

sillage de la barque ligne d’écriture

 

rime sésame rame Sisyphe rimes ces ifs

la main est devenue translucide d’eau

glisse entre les ongles les nerfs en

veine les souvenirs enflent la voile

une bulle colorée au-dessus de la nef

les frênes étêtés bourgeonnent encore

sur les bords du canal la fumée monte

eau rame ces âmes rame rime rime rame





DE MONIKA:



Les Présidentielles 2017


 
CHANTER CONTER CHINER EN COEUR
La bourrée se danse au bord de la Seine,
Là où elle frôle presque la RN13.
La brocante sous les couleurs  rouge bleu et blanc.
Le ciel d'un azur limpide la Marseillaise en sus
 
CHANTER MONTER VANTER LES AIGUS 
La bourse tremble,
Ma bourse s'effondre et
Les pompiers épongeront-ils la dette ?
La marchande bavarde échange son livre de Picsou contre mon Louis d'Or.
 
CHANTER RENTRER FONCER DANS LE MILLE
Des tissus baroques se déversent dans le fleuve tranquille,
Se défont et s'étalent sur la surface de l’eau.
Vite! Mes enfants, sautez dessus et  jouez aux billes !
Pendant qu’ils se dirigent doucement vers l'Elysée. 




 

2)Lucien SUEL, Ni bruit, ni fureur, La Table ronde, 2017

 

Consigne : A l’aide de l’anagramme : « Je suis », évoquez les personnages qui vous ont fascinés dans votre enfance.  Prose ou poésie, comme vous l’entendez.

 


De Colette:




Je suis...
 

Je suis ces hommes qui savaient grimper aux arbres
                                               faisaient du feu pour effrayer les loups errants
                                               savaient des histoires à faire peur
                                               rire à la lune et brandir des brandons de braise

 Je suis Quasimodo          s'élançant entre les gargouilles
                                            veillant les rues de Paris dormant et jamais endormi
                                             savourant les injures de la Cour des miracles
                                             accueillant les premiers signes du levant
                                             et le dernier rayon du couchant

 Je suis d'Artagnan           accueillant les secrets, déjouant les complots
                                             toujours de l'avant pour veiller à ses maîtres
                                             évitant le sang en précédant les ruses

 

Je suis l'oncle Tom          dont j'ai tout oublié du livre
                                            sur lequel j'ai tant pleuré sur tant d'infortunes

 
Tant de livres qui permettaient de n'entendre ni les rappels à l'ordre ni les consignes de rangement, Tant de plaisir à lire (avant l'entrée en sixième La Guerre du feu, édition complète, des frères Rosnay)  

Tant de temps à vivre ces longues traversées intercontinentales d'hommes ou pirates dont on ne savait chiffrer ni dater le temps de leur vie ; des hommes qui en savaient tant sur les pierres et les eaux, des hommes qui survivaient dans l'air dur et obscur, d'un temps au long passé et au long devenir...
Tant de pages, de lignes... tant de mots qui ont tracé des chemins, interrogé, ouvert des attentes...
... parce que je suis d'avant les bandes dessinées et la télévision...

 



 
 De Lise-Noëlle:

LIVRES DE JEUNESSE

Je suis Michel Strogoff sur le chemin

d’Irkoutsk au fond du jardin derrière

les troènes houspillant l’attelage de

ma troïka tâtonnant les yeux fermés à

travers les parcs de légumes ô maman.

 

Je suis Robinson Crusoé faisant cuire

mes patates dans un feu de fanes œil

aux aguets au sommet d’un vieux saule

surveillant l’océan des poreaux l’eau

douce coule choux sur la nuit du jour

 

Je suis Croc-Blanc mastiquant un bout

 de viande gelée de carotte zigzaguant

dans les choux amas de neige grondant

sur les framboisiers  pleins de sang à

quatre pattes grr grr lune du pylône.

 

Je suis Buck Jones sur un cheval blanc

au galop en courtes culottes dans les

cendres de l’allée me donnant sur les

fesses des tapes retentissantes coup

de feu claquant comme la langue kchh.

 

Je suis Winnetou la tête encerclée de

liserons rampant silencieusement dans

les graminées lançant le tomahawk sur

les betteraves sous le tipi des draps

secs fumant le calumet de sureau ugh.


















dimanche 26 mars 2017

OULIPO - Suite: Séance animée par Emmanuel


D’AURÉLIE

Séance oulipienne

1)

J’aime le bruit de la sanguine qui glisse sur le papier,

Le crissement de la pointe qui attaque les courbes

Sanguine comme la couleur du sang qui court dans nos veines

Et qui imprègne le papier.

La montée chromatique pour faire le relief des plis et des creux

Des hachures ; la sanguine s’active en navette griffant le vélin

Des traits amples et précis côtoient les hésitations, les esquisses,

 A la fin il ne restera que la création de ton dessin.

 

2)

Antonyme

L’huître de Francis Ponge

L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.

Le Potiron

Le potiron de la taille d’un ballon de football est d’un orange batave plutôt mat, il est doux au toucher. C’est un univers fermé sur lui-même. On peut le fendre mais pour cela il faut une machette vu la taille de l’engin. Prendre de l’élan et abattre le fer violemment pour qu’il fende du premier coup le cucurbitacée. A l’intérieur s’épanouit une banquette moleskine orange affublée de cheveux. Une odeur de terre me chatouille les narines. Fréquemment la chair est brandie en trophée puis mangée..






De Lise-Noëlle :

Onze fois le bêtosaure dinaké, essai de définition

1-Le bêtosaure dinaké est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.
2-Le bêtosaure dinaké a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké  possède une étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de ses pattes qui repousse quelques semaines après.

4-Le bêtosaure dinaké n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.
5-Le bêtosaure dinaké tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre pattes.
6- Le bêtosaure dinaké porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en astronomie.
7-Le bêtosaure dinaké s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.
8-Le bêtosaure dinaké aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé, l’hiver.
9-Curieusement, le bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.
10-Le bêtosaure dinaké a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe. 11-Le bêtosaure dinaké s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.

 
Décomposition du chaource. Chaource, tu n’es pas le seul fromage de Bourgogne.

Inventé en 878 environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.

Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,

Fameux duo valsant à merveille  sur les tangos argentins
A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,
Pour t’éclipser, patte de velours
Après le casse d’une joaillerie
Dans la pampa à perte de vue
Que tu traverses à vive allure
Laissant l’empreinte de tes fleurs de chat
Tu portes à présent, l’ourse sur ton dos
Jusqu’au bout de l’horizon
Là où le ciel embrasse la Terre
Et bascule en région hyperboréale et glacée.
Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure
Son chat à l’œil perçant
Il grimpe à la cime des arbres

Escamoter   la gaufre miellée des  ruches.
En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite alliance
De la grâce et de la force
De la finesse et de l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi non plus.

 

Le Cageot. Texte de Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.


A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.

 A tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.

Le coffret

A grande distance du cageot, le coffret offre en langue sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps et les situations scabreuses de l’histoire qui lui accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.

Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet objet une forte opinion de lui-même.  Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement plus précieux du contenu. C’est à  s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si jalousement gardés ?

 
De Lise-Noëlle :
Onze fois le bêtosaure dinaké, essai de définition
1-Lebêtosaure dinaké est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.
2-Le bêtosaure dinaké a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké  possède une étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de ses pattes qui repousse quelques semaines après.
4-Le bêtosaure dinaké n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.
5-Le bêtosaure dinaké tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre pattes.
6- Le bêtosaure dinaké porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en astronomie.
7-Le bêtosaure dinaké s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.
8-Le bêtosaure dinaké aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé, l’hiver.
9-Curieusement, le bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.
10-Le bêtosaure dinaké a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe.
11-Le bêtosaure dinaké s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.
 
Décomposition du chaource. Chaource, tu n’es pas le seul fromage de Bourgogne.
Inventé en 878 environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.
Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,
Fameux duo valsant à merveille  sur les tangos argentins
A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,
Pour t’éclipser, patte de velours
Après le casse d’une joaillerie
Dans la pampa à perte de vue
Que tu traverses à vive allure
Laissant l’empreinte de tes fleurs de chat
Tu portes à présent, l’ourse sur ton dos
Jusqu’au bout de l’horizon
Là où le ciel embrasse la Terre
Et bascule en région hyperboréale et glacée.

Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure
Son chat à l’œil perçant
Il grimpe à la cime des arbres
Escamoter des ruches la gaufre miellée.

En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite alliance
De la grâce et de la force
De la finesse et de l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi non plus.
 
Le Cageot. Texte de Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
 A tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.
Le coffret
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps et les situations scabreuses de l’histoire qui lui accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.
Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet objet une forte opinion de lui-même.  Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement plus précieux du contenu. C’est à  s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si jalousement gardés ?
 



De Lise-Noëlle :


Onze fois le bêtosaure dinaké, essai de définition


1-Lebêtosaure dinaké est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.


2-Le bêtosaure dinaké a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké  possède une étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de ses pattes qui repousse quelques semaines après.


4-Le bêtosaure dinaké n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.


5-Le bêtosaure dinaké tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre pattes.


6- Le bêtosaure dinaké porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en astronomie.


7-Le bêtosaure dinaké s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.


8-Le bêtosaure dinaké aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé, l’hiver.


9-Curieusement, le bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.


10-Le bêtosaure dinaké a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe.


11-Le bêtosaure dinaké s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.


 


Décomposition du chaource. Chaource, tu n’es pas le seul fromage de Bourgogne.


Inventé en 878 environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.


Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,


Fameux duo valsant à merveille  sur les tangos argentins


A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,


Pour t’éclipser, patte de velours


Après le casse d’une joaillerie


Dans la pampa à perte de vue


Que tu traverses à vive allure


Laissant l’empreinte de tes fleurs de chat


Tu portes à présent, l’ourse sur ton dos


Jusqu’au bout de l’horizon


Là où le ciel embrasse la Terre


Et bascule en région hyperboréale et glacée.



Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure


Son chat à l’œil perçant


Il grimpe à la cime des arbres


Escamoter des ruches la gaufre miellée.



En toutes occasions, Chaource


Tu es la parfaite alliance


De la grâce et de la force


De la finesse et de l’instinct


Inséparable duo


D’un Je t’aime, moi non plus.


 
Le Cageot. Texte de Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.


 A tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.

De Lise-Noëlle:
Le coffret 
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps et les situations scabreuses de l’histoire qui lui accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.


Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet objet une forte opinion de lui-même.  Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement plus précieux du contenu. C’est à  s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si jalousement gardés ?


 


dimanche 26 février 2017

OULIPO - Séance animée par Emmanuel




D’Anaïs


Contrainte 5


Littérature définitionnelle


1


Dévoré par un chat


L’épouse du criquet


Crie son deuil


 


2


Coincée dans les mâchoires de l’étau puissant de la gueule d’un digitigrade


la femme qui a convolé en justes noces avec son coléoptère aux ailes repliables et bleues


dégueule une fin macabre qui la libère


 


3


Retenue fermement entre les parties intérieures et supérieures qui servent à la mastication virile de la bouche d’un animal qui, d’après le latin, marche littéralement sur ses doigts.


L’être créé de la côté d’Adam qui a eu le bonheur de connaître le sacrement qui consiste à


s’unir avec une personne du sexe opposé, là bizarrement un insecte qui possède de fines membranes qui battent de l’air, peuvent se refermer et sont de la couleur du ciel lorsque


celui-ci se décide à être clément.


Expulse dans un haut le cœur  ce qu’elle avait ingurgité, l’ultime moment, lié aux formes


ténébreuses de la mort, qui lui rend toute sa liberté.


 


 


4


Dans la gueule du chat


Homme d’azur


Délivrance d’un dernier soupir



















De Colette:




RESIGNATION -- P. Verlaine

            A Ernest Boutier

Tout enfant, j'allais rêvant Ko-Hinnor,
Somptuosité persane et papale,
Héliogabale et Sardanapale

Mon désir créait sous des toits en or,
Parmi les parfums, au son des musiques,
Des harems sans fin, paradis physiques !

Aujourd'hui, plus calme et non moins ardent,
Mais sachant la vie et qu'il faut qu'on plie,
J'ai dû réfréner ma belle folie,
Sans me résigner par trop cependant.

Soit ! le grandiose échappe à ma dent,
Mais, fi de l'aimable et fi de la lie !
Et je hais toujours la femme jolie,
La rime assonante et l'ami prudent.







 BORD DE POEME

Tout enfant, j'allais rêvant Ko-Hinnor

La rime assonante et l'ami prudent

Somptuosité     prudent

Héliogabale        jolie

Mon                      lie

Parmi                    dent

Dès                        cependant

Aujourd'hui       folie

Mais                      plie

J'ai                         ardent

Sans                      physiques

Soit                        musiques

Mais                      or

Et                           Sardanapale

La                           papale

La rime assonante et l'ami prudent