dimanche 11 février 2018

Réaliser un portrait - Séance animée par Aurélie


  1. INTRODUCTION: LECTURE DES TEXTES SUR DES DESCRIPTIONS DE PERSONNAGE

La Rochefoucauld - Portrait du duc de La Rochefoucauld fait par lui-même

J'ai le teint brun, mais assez uni; le front élevé et d'une raisonnable grandeur; les yeux noirs, petits et enfoncés, et les sourcils noirs et épais, mais bien tournés. Je serais fort empêché de dire de quelle sorte j'ai le nez fait, car il n'est ni camus, ni aquilin, ni gros, ni pointu (...) tout ce que je sais c'est qu'il est plutot grand que petit, et qu'il descend un peu trop bas. J'ai la bouche grande et les lèvres assez rouges d'ordinaire, et ni bien ni mal taillée. J'ai les dents blanches et passablement bien rangées. On m'a dit autrefois que j'avais un peu trop de menton: je viens de me regarder dans le miroir pour savoir ce qu'il en est, et je ne sais pas trop bien qu'en juger. Pour le tour du visage je l'ai carré ou en ovale; lequel des deux, il me serait fort difficile de le dire. J'ai les cheveux noirs, naturellement frisés, et avec cela épais et assez longs.




Victor Hugo - Notre Dame de Paris


Nous n'essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit oeil gauche obstrué d'un sourcil roux en broussailles, tandis que l'oeil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue; de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme des créneaux d'une forteresse; de cette lèvre colleuse, sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d'un éléphant, de ce menton fourchu; et surtout de la physionomie répandue sur tout cela; de ce mélange de malice, d'étonnement et de tristesse. Qu'on rêve, si l'on peut, cet ensemble.


 Proper Mérimée - Carmen




Sa peau, parfaitement unie, approchait fort de la teinte du cuivre. Ses yeux étaient obliques, mais admirablement fendus; ses lèvres, un peu fortes, mais bien dessinées et laissant voir des dents plus blanches que des amandes sans leur peau
Ses cheveux, peut-être un peu gros, étaient noirs, à reflets bleus comme l'aile de corbeau, longs et luisants


 

Jules Vallès - L'enfant

Elle a bien soixante dix ans et elle doit avoir les cheveux blancs; je n'en sais rien; personne n'en sait rien, car elle a toujours un serre-tête noir qui lui colle comme du taffetas sur le crâne; elle a, par exemple, la barbe grise, un bouquet de poils ici, une petite mèche qui frisotte par là, et de tous côtés des poireaux comme des groseilles, qui ont l'air de bouillir sur sa figure.
Pour mieux dire, sa tête rappelle par le haut, à cause du serre-tête noir une pomme de terre brûlée et, par le bas, une pomme de terre germée: j'en ai trouvé une gonflée, violette, l'autre matin, sous le fourneau, qui ressemblait à grand tante Agnès comme deux gouttes d'eau.



Jules Supervielle - L'enfant de la haute-mer


Elle n'était pas très jolie à cause de ses dents un peu écartées, de son nez un peu trop retroussé, mais elle avait la peau très blanche avec quelques taches de douceur, je veux dire de rousseur. Et sa petite personne commandée par des yeux gris, modestes mais très lumineux, vous faisait passer dans le corps, jusqu'à l'âme une grande surprise qui arrivait du fond des temps.

 

Georges Pérec - W ou le souvenir d'enfance

C'était un homme d'une quarantaine d'années, plutôt petit, très maigre, avec un visage en lame de couteau, des cheveux très courts, déjà grisonnants, taillés en brosse. Il portait un costume croisé gris sombre. Si tant est qu'un homme puisse porter sa profession sur sa figure, il ne donnait pas l'impression d'être médecin, mais plutôt hommes d'affaires, fondé de pouvoir d'une grande banque, ou avocat

 

Pierre Desproges - Fonds de tiroir

L'ineffable Christophe Lambert, grande belle tronche molle, est l'ultime coqueluche des pétasses cinéphiles, avec son bon gros regard mi-clos de persienne hawaïenne et sa bonne grosse bouche à gober les moules espagnoles, toujours entrouverte sur un demi-sourire béat aux lèvres charnues expertes à sucer les porte-clés à même le tableau du concierge du Carlton.








II) CONSIGNES POUR L'ECRITURE
A) Ecrire; réaliser un portrait – le choix du personnage –
1.      trouver la personne dont vous pourriez faire le portrait.
2.      Il vaut mieux, surtout au début, avoir comme sujet d’étude, un être possédant des traits peu communs ou du moins assez caractéristiques. En effet, un beau, au visage lisse, bien fait de sa personne, vêtu avec goût, et à la parole juste sera plus difficile à décrire qu’un laid.
3.      Prenez un laid, c’est très bien, un laid ! Pourvu qu’il ait le nez trop long et ventru du bout, les cheveux gras et mal coupés, tenez une frange genre ficelle qui lui tombe au dessus des sourcils ! Pas mal ça ! Non !
B) Ecrire, réaliser un portrait – l’impression générale de ce personnage –
1.      Ayez une impression globale de ce sujet : beau ou laid, austère comme F….n, jovial comme un certain maire de France, plein d’énergie comme S…..i, etc.
2.      Robert est laid. Et personne ne pourra dire le contraire (annonce générale).
C) les détails au service de l’impression générale – Décrire.
Une fois ceci fait, il vous faut maintenant entrer dans un processus de détails. Comme Balzac, grand portraitiste parmi les portraitistes, attachez-vous à décrire les détails qui viennent appuyer votre impression générale. Reprenons l’exemple du personnage laid.
D) Ecrire, réaliser un portrait – de la tête aux pieds – Décrire.
1.      Robert est laid. Et personne ne pourra dire le contraire (annonce générale).
2.      Puis, entrez dans le détail, la tête : le nez trop long et ventru du bout, les cheveux gras et mal coupés garnie d’une méchante frange, un teint rougeaud et une peau qui aurait de toute évidence besoin d’un sablage.
3.      Puis, continuez avec le corps du personnage, en gardant cette impression générale (la laideur) Comme une disgrâce n’arrive jamais seule, Robert se porte sur deux jambes courtes, surmontées d’un buste rond, et bien malin qui pourra discerner l’estomac des fesses !
4.      Si vous voulez encore être plus complet et détailler encore ce portrait, continuez sur cette lancée et accablez ce pauvre personnage. Vous pouvez décrire sa démarche qu’il aura, bien entendu, lourde et ses choix de vêtements, qui seront de toute évidence, de mauvais goût.
5.      Ecrire, réaliser un portait et y apporter l’élément de contraste :Ceci bien sûr n’est pas obligatoire, mais lorsque l’on décrit un personnage de cette façon si excessive, il peut être intéressant d’y ajouter un contraste. Le choix du contraste doit évidemment avoir une utilité pour votre récit :




III) PRODUCTION
De Anaïs:
Eliott Erwitt, Finger Up the nose - self portrait (2009)

Elliot restait dubitatif. Le teint de son miroir était-il piqué ? Les taches qu’il distinguait étaient-elle sur sa peau ?

Il constata que ses sourcils étonnés n’arrivaient plus à soulever entièrement ses paupières tombantes.

Leur peau fripée ressemblait à deux rideaux de théâtre prêt à se fermer sur son regard encore vif.

Ses yeux de braise, pensait-il, étaient pourtant bien les mêmes qu’au début de sa carrière de jeune premier !

Que s’était-il passé ? Etait-ce les baisers de ses conquêtes qui lui avaient distendu aussi rapidement les joues ?

En revanche, il se demandait si le galbe de ses lèvres n’avait pas rétréci. Trop parlé, trop râlé, trop gueulé peut-être ...

Son aspect actuel était-il la punition de ses erreurs passées ? Que pouvait-il faire devant un tel drame ?

Il éprouva soudain le besoin imminent de faire revivre sa jeunesse passée et se regardant bien en face devant la glace, il se fourra un doigt dans le nez.


                                                          ***


De Lise-Noëlle:






PORTRAITS – Homeless Portraits by Lee Jeffries


Il est  étrange cet homme, véritablement étrange.


De sa main droite, il dirige sa clope, une Gauloise maïs vers le bas de son visage dont il cache les lèvres et une partie du menton. Il a laissé pousser son poil un peu partout, l’ovale de son visage est velu, une petite moustache, des sourcils à-demi broussailleux, enfin des cheveux qu’il cache sous un bonnet de laine à côtes.


Il ne vous regarde pas. Il vous scrute. Et tout, dans son corps serré dans un duffel-coat noir et usé semble à votre écoute. On dirait qu’il va vous avaler tout entier pour restituer votre portrait. L’iris vert de ses yeux brûle le visage et il s’en sert comme d’un phare qui vous balaierait de la tête aux pieds. Iris vert sur  fond d’œil d’un blanc laiteux. Etrange regard, étrange homme.


Muet. Un sourire ironique flotte en même temps qu’une attention soutenue : une ride entre les deux yeux la souligne.



D’où vient-il ? Peut-être est-ce un marin ? Un corps sans doute musclé et noueux. Figé, fixé dans le macadam. Une forme d’immobilité vivante. C’est quelqu’un qui a l’habitude du grand air, il n’a pas froid aux yeux. D’où vient-il ?


Alors, je me lance, j’ose une question «  Vous auriez l’heure ? ».


Un grognement puis un sourd « Non », et de son bras libre, il indique la pendulette encastrée au-dessus du portail des entrepôts.
Je lui aurai bien demandé l’adresse d’un restaurant ou d’un bistrot. Mais moi, dans ma redingote noire, sortie du meilleur tailleur, avec mes chaussures faites sur mesures, j’ai l’air de quoi face à lui ? D’un clown ? D’un Martien ? Si je lui parle de nourriture, j’ai peur qu’il n’ouvre démesurément la bouche et qu’il ne m’embroche de son bras libre pour me mettre à rôtir sur un feu de fortune. Alors, tout en ne le perdant pas de vue, je marche à reculons, je manque tomber à la renverse et plus je m’éloigne, plus fort j’entends le rire sardonique de l’homme si étrange, plus je sens son regard laser balayer toute la surface de mon corps. Si étrange que de peur, je me retourne et me mets à courir à toute allure.


                                                                                  Lise-Noëlle


                                                            


                                                          ***
De Lise-Noëlle:


Finca Ildelisa, Pio Cuá, Matanzas, 2016, Photo © 2017 Elliott Erwitt

Encastrée dans sa fenêtre de bois clouté, elle a laissé sa main gauche pendre dehors, l’épaule relâchée. Sa main droite s’appuie sur le dossier d’une chaise canée, dans un mouvement de doigts légèrement précieux comme si elle voulait retenir l’air ou un plume de duvet.
Elle porte un tee-shirt à manches longues dont les manches sont relevées. C’est peut-être un vêtement d’homme, sobre, sans coquetterie et cependant elle a donné au col ouvert un petit mouvement libertin qui dégage une poitrine maigre, des seins menus, une gorge marquée qui porte un cou musclé. Une maigreur élégante. Elle est coiffée les cheveux brossés en arrière, dégageant de larges oreilles, un peu décollées et,  illuminant son portrait, un sourire tendre, humain et triste. Un regard droit et intelligent. Un visage aimable. Ses lèvres entr’ouvertes sont généreuses. Tout en elle porte la marque du travail, de durs labeurs manuels qui l’ont musclée, usée. Elle est désormais fatiguée. Mais elle se tient droite, légèrement de biais et sous sa tendresse perce sa volonté de rester digne quelques soient les circonstances.
C’est une femme pauvre, elle habite une favella à Pio Cuà. Une reine à Pio Cuà !
                                                                                      Lise-Noëlle














dimanche 18 juin 2017

Le genre: La nouvelle - Séance animée par Monika





Baudelaire, traducteur de Poe, a proposé cette analyse de la nouvelle :« Elle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet. Cette lecture, qui peut être accomplie tout d’une haleine, laisse dans l’esprit un souvenir bien plus puissant qu’une lecture brisée, interrompue souvent par le tracas des affaires et le soin des intérêts mondains. L’unité d’impression, la totalité d’effet est un avantage immense qui peut donner à ce genre de composition une supériorité tout à fait particulière, à ce point qu’une nouvelle trop courte (c’est sans doute un défaut) vaut encore mieux qu’une nouvelle trop longue. L’artiste, s’il est habile, n’accommodera pas ses pensées aux incidents, mais, ayant conçu délibérément, à loisir, un effet à produire, inventera les incidents, combinera les événements les plus propres à amener l’effet voulu. Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer cette impression finale, l’œuvre est manquée dès le début. Dans la composition tout entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité. »


De Colette:


Quand il s'aperçut qu'il avait manqué sa station de destination, il arrivait à la gare suivante.


Sans avoir le temps d'interroger quiconque, il bondit sur le quoi et gagna la surface.


Sans hésiter, il s'engagea sur la large avenue qui s'offrait à lui, où déjà la circulait diminuait.


Contraint de rester sur la contre allée pour lire le nom des rues de cette banlieue inconnue de lui.


Il hâtait le pas, certain qu'il n'aurait pas trop de retard pour ce rendez-vous obtenu difficilement de son avocat en raison de l'heure tardive.


Il avait parfaitement repéré la suite des transversales à enchaîner à partir de la station manquée. Il allait y arriver rapidement, c'était l'affaire d'un quart d'heure.


Il accéléra encore un peu à remarquer le début du crépuscule, se remémorant au rythme de ses pas, les faits déterminants et l'argumentation qu'il fallait développer pour en finir avec cette affaire.


Brusquement, il s'arrêta, pâlit, le souffle court, les yeux exorbités ...


Devant lui, il n'en revenait pas, sans aucune équivoque possible, il venait de reconnaître le clocher proche de sa résidence...

dimanche 21 mai 2017

Entre rêve et réalité / Description d'un personnage rencontré pendant un voyage - Séance animée par Lise-Noëlle


1° Auteure mise en lumière : Monique RIVET et lecture d’un extrait du « Cahier d’Alberto » (Quidam éditeur, Meudon, 2015)

Consigne : Dans cet état particulier, entre rêve et réalité, inventez ou décrivez un souvenir:






D'Emmanuel:




BORD DE POEME II

 

Certaines lumières éteintes

Eclairent :

 
Que voir ?
 
Lieux
Cieux
Plus lumineux

 

S'éclairent
Strates étales

 Recoins et encoignures du passé
 
Espaces mêmes sujets
Des intempéries
 
Zone
Aucune
Lumières
Lumière
Plus allumé
Le pas clair  

Choses éteintes,

 En l'homme
 Subrepticement ouvert

Lumière dépouillée
Et les lumières éteintes



2) Lecture d’un extrait de Carlos CASTANEDA, « L’herbe du diable et la petite fumée, the teachings of Don Juan » (Editions du Soleil noir, 1982)

Consigne : Vous partez en voyage, choisissez une gare, un aéroport, un port, une gare routière. En attendant le signal de votre départ, vous repérez un personnage qui pique votre curiosité et décidez de tenter de l’approcher.

Situez et décrivez votre lieu d’embarquement. Décrivez le personnage qui vous fascine et votre éventuelle mise en scène.


De Monika :

Le paysage

Un vieux banc assemblé de fines et larges lattes se dresse sous un plein soleil. La neige a couvert les alentours d'une couette épaisse d'ouate pailletée.

Sur l'unique arbre de la vaste plaine, la neige a fondu. Son immense silhouette noirâtre mise à  nu. Ses branches arides forment un globe posé sur un large tronc, solidement ancré dans le sol. Elles chuchotent. Le bleu du ciel se confond avec l'eau azurée de la Méditerranée sur fond de sable blanc. Il n'y a pas de bruit venant d'ailleurs, pas de vent, l'air est sec, limpide.

Elle est passée par là. Elle a pris cette photo pour la partager avec d'autres. A-t-elle pris place sur le banc sous l'arbre? A-t-elle prié là-bas? A-t-elle...?

Elle vient de perdre sa mère.

dimanche 23 avril 2017

Poésie contemporaine - Séance animée par Lise-Noëlle


1)Poème de Lucien SUEL, in :Ni bruit, ni fureur, La Table Ronde, 2017

Consigne :1) Vous appuyant  sur une rime de votre invention, utilisant des allitérations (siffle Sisyphe, fou/fol) ou jouant comme ici sur un changement de voyelle (rime/ rame) et des jeux de mots phonétiques, construisez un poème d’une à trois strophes comme vous l’entendez. N’oubliez pas l’aspect sonore de votre texte.

                                                                                   Ou bien

                      2) En réemployant la même rime, composez deux ou trois strophes, guidé(e ) par votre inspiration. Exemples de rimes : roum vroum poum/ la pomme ronde rime/

pim pam poum/ la pompe à la fontaine de Trévise/ mur mou murmure la fable /etc…

 



De Lise-Noëlle:

RAME

rame sésame rime Sisyphe rame ces ifs

aux bords du canal flaques et bassin

émaillés nuages blancs dérivant entre

serpe la serpe taille les branches du

frêne l’autre matin a façonné forgé le

métal dans le temps forge encore dans

le temps les yeux plongent dans l’eau

 

rimes ces âmes rime rame rime eau     

les yeux plongent dans les nuages les

poissons planent au ciel rame Sisyphe

sur le monde rame sésame pour inonder

le monde les ifs dessus les tombes se

penchant se relèvent le Styx grésille

dans le noir au nord d’ici Caron rame

sillage de la barque ligne d’écriture

 

rime sésame rame Sisyphe rimes ces ifs

la main est devenue translucide d’eau

glisse entre les ongles les nerfs en

veine les souvenirs enflent la voile

une bulle colorée au-dessus de la nef

les frênes étêtés bourgeonnent encore

sur les bords du canal la fumée monte

eau rame ces âmes rame rime rime rame





DE MONIKA:



Les Présidentielles 2017


 
CHANTER CONTER CHINER EN COEUR
La bourrée se danse au bord de la Seine,
Là où elle frôle presque la RN13.
La brocante sous les couleurs  rouge bleu et blanc.
Le ciel d'un azur limpide la Marseillaise en sus
 
CHANTER MONTER VANTER LES AIGUS 
La bourse tremble,
Ma bourse s'effondre et
Les pompiers épongeront-ils la dette ?
La marchande bavarde échange son livre de Picsou contre mon Louis d'Or.
 
CHANTER RENTRER FONCER DANS LE MILLE
Des tissus baroques se déversent dans le fleuve tranquille,
Se défont et s'étalent sur la surface de l’eau.
Vite! Mes enfants, sautez dessus et  jouez aux billes !
Pendant qu’ils se dirigent doucement vers l'Elysée. 




 

2)Lucien SUEL, Ni bruit, ni fureur, La Table ronde, 2017

 

Consigne : A l’aide de l’anagramme : « Je suis », évoquez les personnages qui vous ont fascinés dans votre enfance.  Prose ou poésie, comme vous l’entendez.

 


De Colette:




Je suis...
 

Je suis ces hommes qui savaient grimper aux arbres
                                               faisaient du feu pour effrayer les loups errants
                                               savaient des histoires à faire peur
                                               rire à la lune et brandir des brandons de braise

 Je suis Quasimodo          s'élançant entre les gargouilles
                                            veillant les rues de Paris dormant et jamais endormi
                                             savourant les injures de la Cour des miracles
                                             accueillant les premiers signes du levant
                                             et le dernier rayon du couchant

 Je suis d'Artagnan           accueillant les secrets, déjouant les complots
                                             toujours de l'avant pour veiller à ses maîtres
                                             évitant le sang en précédant les ruses

 

Je suis l'oncle Tom          dont j'ai tout oublié du livre
                                            sur lequel j'ai tant pleuré sur tant d'infortunes

 
Tant de livres qui permettaient de n'entendre ni les rappels à l'ordre ni les consignes de rangement, Tant de plaisir à lire (avant l'entrée en sixième La Guerre du feu, édition complète, des frères Rosnay)  

Tant de temps à vivre ces longues traversées intercontinentales d'hommes ou pirates dont on ne savait chiffrer ni dater le temps de leur vie ; des hommes qui en savaient tant sur les pierres et les eaux, des hommes qui survivaient dans l'air dur et obscur, d'un temps au long passé et au long devenir...
Tant de pages, de lignes... tant de mots qui ont tracé des chemins, interrogé, ouvert des attentes...
... parce que je suis d'avant les bandes dessinées et la télévision...

 



 
 De Lise-Noëlle:

LIVRES DE JEUNESSE

Je suis Michel Strogoff sur le chemin

d’Irkoutsk au fond du jardin derrière

les troènes houspillant l’attelage de

ma troïka tâtonnant les yeux fermés à

travers les parcs de légumes ô maman.

 

Je suis Robinson Crusoé faisant cuire

mes patates dans un feu de fanes œil

aux aguets au sommet d’un vieux saule

surveillant l’océan des poreaux l’eau

douce coule choux sur la nuit du jour

 

Je suis Croc-Blanc mastiquant un bout

 de viande gelée de carotte zigzaguant

dans les choux amas de neige grondant

sur les framboisiers  pleins de sang à

quatre pattes grr grr lune du pylône.

 

Je suis Buck Jones sur un cheval blanc

au galop en courtes culottes dans les

cendres de l’allée me donnant sur les

fesses des tapes retentissantes coup

de feu claquant comme la langue kchh.

 

Je suis Winnetou la tête encerclée de

liserons rampant silencieusement dans

les graminées lançant le tomahawk sur

les betteraves sous le tipi des draps

secs fumant le calumet de sureau ugh.


















dimanche 26 mars 2017

OULIPO - Suite: Séance animée par Emmanuel


D’AURÉLIE

Séance oulipienne

1)

J’aime le bruit de la sanguine qui glisse sur le papier,

Le crissement de la pointe qui attaque les courbes

Sanguine comme la couleur du sang qui court dans nos veines

Et qui imprègne le papier.

La montée chromatique pour faire le relief des plis et des creux

Des hachures ; la sanguine s’active en navette griffant le vélin

Des traits amples et précis côtoient les hésitations, les esquisses,

 A la fin il ne restera que la création de ton dessin.

 

2)

Antonyme

L’huître de Francis Ponge

L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.

Le Potiron

Le potiron de la taille d’un ballon de football est d’un orange batave plutôt mat, il est doux au toucher. C’est un univers fermé sur lui-même. On peut le fendre mais pour cela il faut une machette vu la taille de l’engin. Prendre de l’élan et abattre le fer violemment pour qu’il fende du premier coup le cucurbitacée. A l’intérieur s’épanouit une banquette moleskine orange affublée de cheveux. Une odeur de terre me chatouille les narines. Fréquemment la chair est brandie en trophée puis mangée..






De Lise-Noëlle :

Onze fois le bêtosaure dinaké, essai de définition

1-Le bêtosaure dinaké est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.
2-Le bêtosaure dinaké a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké  possède une étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de ses pattes qui repousse quelques semaines après.

4-Le bêtosaure dinaké n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.
5-Le bêtosaure dinaké tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre pattes.
6- Le bêtosaure dinaké porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en astronomie.
7-Le bêtosaure dinaké s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.
8-Le bêtosaure dinaké aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé, l’hiver.
9-Curieusement, le bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.
10-Le bêtosaure dinaké a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe. 11-Le bêtosaure dinaké s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.

 
Décomposition du chaource. Chaource, tu n’es pas le seul fromage de Bourgogne.

Inventé en 878 environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.

Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,

Fameux duo valsant à merveille  sur les tangos argentins
A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,
Pour t’éclipser, patte de velours
Après le casse d’une joaillerie
Dans la pampa à perte de vue
Que tu traverses à vive allure
Laissant l’empreinte de tes fleurs de chat
Tu portes à présent, l’ourse sur ton dos
Jusqu’au bout de l’horizon
Là où le ciel embrasse la Terre
Et bascule en région hyperboréale et glacée.
Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure
Son chat à l’œil perçant
Il grimpe à la cime des arbres

Escamoter   la gaufre miellée des  ruches.
En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite alliance
De la grâce et de la force
De la finesse et de l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi non plus.

 

Le Cageot. Texte de Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.


A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.

 A tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.

Le coffret

A grande distance du cageot, le coffret offre en langue sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps et les situations scabreuses de l’histoire qui lui accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.

Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet objet une forte opinion de lui-même.  Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement plus précieux du contenu. C’est à  s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si jalousement gardés ?

 
De Lise-Noëlle :
Onze fois le bêtosaure dinaké, essai de définition
1-Lebêtosaure dinaké est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.
2-Le bêtosaure dinaké a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké  possède une étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de ses pattes qui repousse quelques semaines après.
4-Le bêtosaure dinaké n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.
5-Le bêtosaure dinaké tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre pattes.
6- Le bêtosaure dinaké porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en astronomie.
7-Le bêtosaure dinaké s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.
8-Le bêtosaure dinaké aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé, l’hiver.
9-Curieusement, le bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.
10-Le bêtosaure dinaké a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe.
11-Le bêtosaure dinaké s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.
 
Décomposition du chaource. Chaource, tu n’es pas le seul fromage de Bourgogne.
Inventé en 878 environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.
Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,
Fameux duo valsant à merveille  sur les tangos argentins
A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,
Pour t’éclipser, patte de velours
Après le casse d’une joaillerie
Dans la pampa à perte de vue
Que tu traverses à vive allure
Laissant l’empreinte de tes fleurs de chat
Tu portes à présent, l’ourse sur ton dos
Jusqu’au bout de l’horizon
Là où le ciel embrasse la Terre
Et bascule en région hyperboréale et glacée.

Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure
Son chat à l’œil perçant
Il grimpe à la cime des arbres
Escamoter des ruches la gaufre miellée.

En toutes occasions, Chaource
Tu es la parfaite alliance
De la grâce et de la force
De la finesse et de l’instinct
Inséparable duo
D’un Je t’aime, moi non plus.
 
Le Cageot. Texte de Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
 A tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.
Le coffret
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps et les situations scabreuses de l’histoire qui lui accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.
Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet objet une forte opinion de lui-même.  Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement plus précieux du contenu. C’est à  s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si jalousement gardés ?
 



De Lise-Noëlle :


Onze fois le bêtosaure dinaké, essai de définition


1-Lebêtosaure dinaké est un petit futé, mi oiseau, mi mammifère.


2-Le bêtosaure dinaké a quatre pattes télescopiques et une lunette longue vue, en guise de vision.
3-Le bêtosaure dinaké  possède une étrange capacité : lorsqu’il n’a plus rien à manger, il dévore l’une de ses pattes qui repousse quelques semaines après.


4-Le bêtosaure dinaké n’aime guère la solitude, il raffole faire des noises à ses congénères.


5-Le bêtosaure dinaké tombe amoureux tous les trois ans, le temps de concevoir un œuf à quatre pattes.


6- Le bêtosaure dinaké porte la barbe les années bissextiles, histoire de dire qu’il s’y connaît en astronomie.


7-Le bêtosaure dinaké s’habille tantôt en jupe et pantalons, tantôt se vêt de plumes.


8-Le bêtosaure dinaké aime se cacher dans les trous d’ombre l’été et s’exposer au vent glacé, l’hiver.


9-Curieusement, le bêtosaure dinaké se promène souvent seul et se cache à la moindre frayeur.


10-Le bêtosaure dinaké a programmé de coloniser tous les continents, il a commencé par l’Europe.


11-Le bêtosaure dinaké s’exprime tout-à-tour par un chant guttural profond, rappelant le jeu des tuyaux d’orgue, dans une langue étrange, coupée de sons suraigus à perforer le tympan, ce qui fait fuir ses auditeurs.


 


Décomposition du chaource. Chaource, tu n’es pas le seul fromage de Bourgogne.


Inventé en 878 environ, tu es aussi connu en Champagne . D’abord appelé CADUSIA, nom tiré d’une famille gallo-romaine, tu as francisé ton nom mais conservé ta tête ronde à pâte molle et moelleuse à cœur, que l’on déguste à la fin d’un repas gourmand, arrosé d’un vin gouleyant.


Plus que fromage, chaource, tu es un chat mais aussi une ourse,


Fameux duo valsant à merveille  sur les tangos argentins


A Villa Nova, Rio de Janeiro et Caracas,


Pour t’éclipser, patte de velours


Après le casse d’une joaillerie


Dans la pampa à perte de vue


Que tu traverses à vive allure


Laissant l’empreinte de tes fleurs de chat


Tu portes à présent, l’ourse sur ton dos


Jusqu’au bout de l’horizon


Là où le ciel embrasse la Terre


Et bascule en région hyperboréale et glacée.



Désormais, l’ourse porte dans sa fourrure


Son chat à l’œil perçant


Il grimpe à la cime des arbres


Escamoter des ruches la gaufre miellée.



En toutes occasions, Chaource


Tu es la parfaite alliance


De la grâce et de la force


De la finesse et de l’instinct


Inséparable duo


D’un Je t’aime, moi non plus.


 
Le Cageot. Texte de Francis PONGE, 1942. Imaginez son contraire.
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie-vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.


 A tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voierie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques- sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.

De Lise-Noëlle:
Le coffret 
A grande distance du cageot, le coffret offre en langue sympathique, une possibilité de coffre-fort : petit objet maniéré, fermé à double tour, il est voué à la dissimulation de bijoux ou de documents secrets qui doivent impérativement disparaître de la vue du commun des mortels, de telle manière que sa principale utilité est la conservation à travers le temps et les situations scabreuses de l’histoire qui lui accordé, à titre de reconnaissance pour services rendus, un véritable rôle.


Ainsi connaît-on le coffret des bijoux de la reine renfermant dans un bois précieux, bois de fruitier marqueté de nacre, des rangs de perles et des joncs d’or, des marquises et des diadèmes, ou encore le coffret de bois d’ébène, plus viril qui dissimula l’ébauche du traité de Cambrésis. Sa position sociale et son rôle politique ont développé chez cet objet une forte opinion de lui-même.  Pour un peu, il confondrait son rôle de contenant avec celui, autrement plus précieux du contenu. C’est à  s’interroger longuement : est-il judicieux d’ouvrir ou non ce si précieux coffret et de découvrir à la vulgaire assemblée des secrets si jalousement gardés ?